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Le si souvent oublié, coût d’opportunité

mercredi 30 Juin 2021

Qui n’a jamais pensé à confier une tâche ménagère à un professionnel ? À sous-traiter des travaux de rénovation ? La décision repose en grande partie sur la dernière ligne du devis. « C’est cher, je préfère le faire moi-même » concluons-nous souvent. Vraiment ?  

 Un jardinier propose à Marc de tailler sa haie pour 30 €/heure et dit en avoir pour deux  heures. Marc a du temps libre le samedi matin et apprend que son voisin dispose du matériel nécessaire pour réaliser ce travail. Tout content, Marc choisit de s’en charger, convaincu d’avoir épargné 60 €… C’était sans compter sur le coût d’opportunité. 

 De quoi s’agit-il ?  

Le coût d’opportunité est le coût virtuel qui naît du choix d’une opportunité au lieu d’une autre. Il estime la valeur de l’avantage auquel nous renonçons en affectant des ressources disponibles (argent, temps, main d’œuvre, etc.) à un usage plutôt qu’à un autre. 

Marc est un consultant passionné dont les prestations sont facturées 100 €/heure, ce qui représente un net pour lui d’approximativement 50 €/heure. En choisissant de tailler sa haie lui-même, Marc économise certes 60 € mais renonce à en gagner 100 (€) par le simple exercice du métier qu’il affectionne. Le cout d’opportunité de son choix est donc de 40 €, ou plus ? Si même son voisin ne lui demandait qu’une bière en compensation de l’usure de son matériel, il y a fort à parier que Marc prendrait deux fois plus de temps à tailler sa haie que le jardinier pour un résultat moitié moins concluant sur le plan esthétique.  

La réflexion repose sur l’hypothèse que le temps est toujours valorisable, théorie discutable. Cependant la valeur d’une heure ne doit pas forcément se traduire par l’envoi d’une facture à un client. Combien valorisez-vous une heure passée en famille un samedi matin ?  

Et en organisation des entreprises ?

« Chez nous, tout le monde fait de tout » : une fausse bonne idée  

L’allocation des ressources en entreprise est particulièrement portée sur la question du coût d’opportunité. Un technicien pointu qui n’ose pas systématiquement confier le volet administratif de ses chantiers à un collaborateur du département se soulage peut-être la conscience, mais porte en réalité préjudice à son entreprise.  

Un patron qui refuse de déléguer l’encodage comptable sous prétexte que cela évite de payer quelqu’un pour le faire et qu’il s’en est toujours chargé devrait aussi se poser la question de ce qu’il ne fait pas gagner à son entreprise pendant ce temps-là. 

La notion de coût d’opportunité fait rage dans le débat polyvalence vs spécialisation des équipes. Un spécialiste fait mieux, plus rapidement. En théorie, pas de doute donc. La théorie a néanmoins ses limites. Difficile de planifier le travail et de cloisonner les domaines de compétence en entreprise. La polyvalence des équipes permet de répondre à un besoin incertain et variable grâce à des ressources plus stables. Elle permet aussi au personnel de prendre de la hauteur, d’adopter une approche systémique et de s’épanouir par la diversité de ses activités.  

Quel rapport avec la transmission d’entreprises ?  

 Le cout d’opportunité s’invite aussi à la table de la transmission d’entreprises.  

 Gilles, patron d’une menuiserie, dispose d’1 m€ placé à 1 % à la banque. Il apprend qu’une entreprise de sa localité, dont le résultat annuel avoisine les 200 k€, est à vendre contre 1 m€. De nature frileuse, il renonce à l’acheter.  

  •  Le coût d’opportunité est égal à : 200 k€ – 10 k€ soit 190 k€/an. 

Le lendemain, Gilles apprend que l’entreprise à vendre est son concurrent local historique. En la reprenant, il pourrait en augmenter le résultat annuel de 100 k€ par la valorisation de synergies entre entités. Toujours hésitant, il n’ose pas passer le cap.    

  • Le coût d’opportunité est égal à : 200 k€ + 100 k€ – 10 k€ soit 290 k€/an. 

Le jour d’après, il apprend qu’un menuisier de la région voisine s’est manifesté pour étudier le dossier. Si le processus aboutissait, ce roublard pourrait faire valoir des synergies entre ses entités et utiliser le gain de marge généré pour baisser ses prix et/ou augmenter la qualité de son offre. Gilles craint une baisse du résultat de sa menuiserie de 100 k€/an en conséquence. 

  • Le coût d’opportunité devient : 200 k€ + 100 k€ – 10 k€ + 100 k€ soit 390 k€/an. 

Décider sur base du coût d’opportunité, la solution parfaite ? 

Attention, le coût d’opportunité vulgarise le retour sur investissement. Quid de l’aspect émotionnel ? Marc éprouve-t-il autant de plaisir à travailler pour ses clients qu’à prendre soin de sa haie sous le soleil ? « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ! ». Ne conviendrait-il pas de pondérer la valeur des opportunités en fonction des risques liés ? Le vendeur garantit-il le résultat annuel de l’entreprise dans le viseur de Gilles ?  

 Cette notion de coût d’opportunité s’immisce consciemment ou non dans notre esprit au moment de poser chacun de nos choix. Plus de doute… choisir c’est bien renoncer !

Antoine Renier

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